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Les premières années en France des réfugiés
Eliza Ghiorghita (DSED), Jade Henry (DSED), Louis-Marie Ninnin (DSED)
Insee Références
Paru le : 30/03/2023
Depuis la crise migratoire de 2015, le nombre de nouveaux bénéficiaires de la protection internationale augmente en France. En 2018, 30 100 demandeurs d’asile ont obtenu un titre de réfugié ou de bénéficiaire de la protection subsidiaire, soit 17 % des détenteurs d’un premier titre de séjour hors titres étudiants. Par rapport aux autres primodétenteurs, ces réfugiés sont plus souvent des hommes, plus jeunes lors de leur arrivée en France, et ils viennent moins souvent de pays francophones. De plus, durant leurs premières annéesen France, leurs conditions de vie sont plus difficiles, du fait du caractère souvent soudain et contraint de la migration, mais aussi de leurs caractéristiques sociodémographiques.
Ainsi, les bénéficiaires de la protection internationale sont moins diplômés, rencontrent plus de difficultés avec la maîtrise de la langue française, l’accès à l’emploi, et font face à des conditions d’emploi plus difficiles que les autres primodétenteurs. Ces difficultés sont plus marquées pour les femmes, qui sont deux fois moins souvent en activité que les hommes un an après l’obtention de leur titre. Par ailleurs, à leur arrivée en France, les réfugiés subissent une plus forte dégradation de leurs conditions de logement, et sont plus souvent logés par un particulier ou en hébergement collectif. Néanmoins, en l’espace d’un an, leur situation sur le marché du travail et pour l’hébergement s’améliore. Enfin, même si les réfugiés se déclarent de manière générale en bonne santé, ils apparaissent plus fragiles que les non‑réfugiés en ce qui concerne la santé mentale.
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Les réfugiés rencontrent plus de difficultés avec la maîtrise de la langue française, à l’écrit comme à l’oral
À chaque vague de l’enquête Elipa 2, la compréhension orale et écrite du français est mesurée par des exercices en langue française issus de l’enquête Information et vie quotidienne de l’Insee (IVQ, 2011).
Un « profil de performance » [Jonas, 2012] est défini à partir des scores obtenus à l’écrit et à l’oral :
les personnes ayant de trop grandes difficultés pour réaliser les exercices sont dites en « extrême difficulté » (ou « exercice impossible »). À l’inverse, celles ayant au moins 80 % de réussite sont considérées comme n’ayant « pas ou peu de difficultés ».
En 2019, un an après l’obtention de leur premier titre de séjour, les réfugiés sont deux fois plus souvent en extrême difficulté que les autres primodétenteurs, en compréhension écrite comme en compréhension orale figure 5. Quatre réfugiés sur dix n’ont pas réussi à réaliser entièrement l’exercice de compréhension écrite, contre deux sur dix pour les autres primodétenteurs. Ces résultats s’élèvent respectivement à 35 % et 16 % pour la compréhension orale. En 2020, deux ans après l’obtention de leur premier titre de séjour, même si les réfugiés sont toujours deux fois plus fréquemment en extrême fdifficulté que les autres primodétenteurs, les niveaux en français ont progressé. Ainsi, la part des réfugiés en extrême difficulté a diminué de 12 points à l’ écrit comme à l’oral.
source Le Monde