Chassés par les guerres et les catastrophes, délaissés par des Etats qui ne veulent pas les ac-cueillir, vingt millions d´exilés trouvent refuge dans des camps.

Camps de réfugiés, centres de rétention, campements d´attente, … pensés comme une solution humanitaire d´urgence, ces lieux de mise à l´écart se pérennisent partout sur la planète. Considérés comme des bénéficiaires de l´assistance, les réfugiés sont soumis à une nouvelle loi : celle du marché.

Les entreprises privées s´implantent désormais dans les camps. Confrontées à l´explosion des besoins, les agences humanitaires de l´ONU qui gèrent les camps (le Haut Commissariat aux Réfugiés, le Programme Alimentaire Mondial, …), les choisissent car elles seraient plus innovantes, moins couteuses et fourniraient des services plus dignes aux réfugiés. Des PME aux multinationales, des banques aux groupes de sécurité privée, ces entreprises pénètrent ainsi un nouveau secteur d´activité. Un marché à très fort potentiel, l´économie mondiale de l´humanitaire étant estimée à 20 milliards d´euros par an.

Dans les camps, des entrepreneurs livrent des villes containers, des sociétés à la pointe de la technologie fournissent des systèmes biométriques pour enregistrer les réfugiés, des enseignes de la grande distribution ouvrent des supermarchés. Leurs produits, leurs services et leurs technologies y trouvent des débouchés à très large échelle.

Les intérêts de ces entreprises sont-ils toujours avoués ? Les réfugiés seraient-ils une nouvelle cible de consommateurs ? Des populations tests pour de nouveaux produits ? Pourquoi l´économie de marché s´immisce-t-elle jusque dans ces zones troublées du monde ?

Lieux d´intérêts économiques, les camps de réfugiés sont aussi le théâtre de marchandages poli-tiques, orchestrés à très haut niveau par les pays riches qui ne souhaitent pas accueillir ces populations indésirables. Dans les négociations internationales se décident désormais, le prix des camps et des crises migratoires.

L´accord signé entre l´Union Européenne et la Turquie qui confie au gouvernement turc la gestion des migrants arrivés sur son territoire en est la parfaite illustration.

Le documentaire mène l´enquête dans les plus grands camps de réfugiés en Europe (Calais, Moria sur l´île de Lesbos en Grèce, Elbeyli en Turquie), mais aussi en Jordanie (Zaatari) et au Kenya à Dadaab, le plus ancien camp de réfugiés du monde. Le film dévoile les coulisses de ce marché émergent, une face cachée de la vie des camps et des crises migratoires. « Réfugiés : un marché sous influence » révèle ainsi les mécanismes profonds qui se jouent autour des camps. Des intérêts économiques jusqu´aux marchandages politiques où des Etats négocient le prix de ces populations indésirables pour mieux les reléguer dans ces lieux de vie parallèle. Un documentaire de Nicolas Autheman et Delphine Prunault. Produit par La Compagnie des Phares et Balises.

Source PUBLIC SÉNAT Des documentaires de terrain pour découvrir les problématiques qui agitent la France et le monde d’aujourd’hui.Documentaire diffusé Samedi 08 septembre 2018 à 21:00